Les Gujjars ont manifesté dans le Rajasthan. La communauté des Gujjars a arrêté de manifester après qu'un comité chargé d'examiner leurs exigences a été mis en place par le gouvernement du Rajasthan. Les Gujjars réclament le statut de "Scheduled Tribes" (castes et tribus répertoriées). Leurs manifestations ont fait 28 morts au cours des six derniers jours. Cet événement illustre le détournement de la discrimination positive comme un outil politique.
Après six jours de manifestation, les représentants de la communauté des Gujjars du Rajasthan ont appelé au calme. Lors des négociations du lundi 4 juin, ils ont obtenu que leur demande d'appartenance aux "castes et tribus répertoriées" soit étudiée.
Les manifestations ont commencé à Jaïpur, dans le Rajasthan, mardi 29 mai. La communauté des Gujjars, 6 % de la population du Rajasthan, est descendue dans la rue quand le gouvernement local BJP (conservateur) lui a refusé le statut de "castes et tribus répertoriées". Grâce à une politique de discrimination positive, ce statut permet aux groupes recensés d'obtenir des places réservées dans les administrations, les universités ou certains corps de métiers comme la police.
Du Rajasthan, la colère des Gujjars s'est étendue aux Etats limitrophes où vivent des membres de cette communauté, à New Delhi et dans l'Haryana. Les manifestations ont dégénéré dans la violence, les militants faisant face à un impressionnant dispositif de sécurité déployé par l'Etat. Le dernier bilan officiel fait état de 28 morts - des manifestants et deux policiers -, des centaines de blessés et de nombreux dégâts.
Les Gujjars veulent appartenir aux "castes répertoriées" afin de bénéficier de quotas supplémentaires. Ils citent volontiers l'exemple de la communauté des Meenas du Rajasthan, classée comme tel, qui est plus avantagée en termes d'emploi, d'éducation et de représentation politique. Une rivalité s'est ainsi instaurée entre les Gujjars et les Meeras dans le Rajasthan.
La lutte des Gujjars illustre la tendance de groupes de population minoritaires à utiliser la politique des quotas réservés aux intouchables et aborigènes pour obtenir plus de pouvoir. Dans une analyse parue dans le quotidien Times of India du 5 juin, le sociologue Ravinder Kaur rappelle que les Meeras n'ont rien en commun avec les tribus des forêts de l'Inde centrale à qui le statut de ST était destiné. Les Meeras du Rajasthan ont milité pour obtenir ce classement, comme les Gujjars aujourd'hui car "il rapporte des emplois et de l'éducation, quitte à avoir un statut social inférieur en étant considéré comme tribu". De nombreuses voix s'élèvent pour demander une révision du système des castes répertoriées. Le dernier recensement sur les castes remonte à 1931. Depuis, les Etats indiens ne disposent que de très peu de données sur les conditions économiques et sociales de chaque groupe et ses besoins réels.
(Source : Aujourd'hui l'Inde, le 5 juin 2007 par Iris Deroeux)